Opinions

 

Lettres de la Huitième Symphonie, suite


 

Allegretto

 

 

1'

Fanfare! Des gants blancs, des nuques et des clairons. Rangées de bataillon, toutes derrière le lourd bâton cadençant du tambour-major. Epaulettes de métal, bottes, sangles éclatantes, l'or ruisselant des médailles.

 

 

 

 

2'

D'autres visions hantent les esprits. La cité  terrée au creux de ses fondations se prend à espérer.

Au milieu de l'avenue des défilés, un impertinent ose braver la colonne musicale qui sourd là-bas.
Et un autre surgit, et un autre encore, ils vont former une marche. Du bout de l'immense artère quelqu'un apparaît, progresse, les dépasse, fascinés ils pivotent; c'est un officiel oriental, il leur a rendu leur salut.

3'

 

 

 

 

4'

 

 

 

 

 

 

 

 

5'

Derrière lui la fanfare récupère les recrues, les dissout en son sein. Elle prend son élan, le soleil droit devant. Torse bombé - pied gauche - pied droit - le tambour-major dresse sa canne au plus haut, la cohorte se soulève à son exorde; arc-boutée contre la pesanteur, elle prend appui sur la première marche des cieux, décolle. Pas à pas franchit les balcons et les toits, les collines. Parvenue dans les hauteurs, les vents s'engouffrent pour la disloquer, elle doit résister, ne peut plus renoncer; JUSTICE de son combat - AVENIR qu'elle porte en elle - SA MORT glorieuse. Les sceptiques sont balancés désarticulés dans le vide.

 L'armée dans son envol a libéré la ville. Les rues découvrent brutalement un grouillement d'uniformes blafards, imberbes. Les baïonnettes rejettent pêle-mêle vers la place corps mous, pleurs de chignons et de vieilles casquettes, petits crânes échevelés, bras graciles, chemises froides de sueur.
Le soleil brille; de là-haut tout paraît calme, la campagne sereine défile, des pelotons, tout juste des bribes, traversent les fumées qui s'épaississent. On est très loin maintenant. Ici un enfant près de sa maison observe la fanfare, petit mille-casques qui ondoie dans le ciel, qui scintille, de plus en plus fort, incandescent; éclate.

Allegro non troppo, 3ème mouvement

Mouvements 1, 2, 3, 4, 5