Précis
tissent coupent taillent cousent cuisent versent vissent soudent ajustent
assemblent, la toile, la poudre, l'acide, le métal, les mains à travers le
pays. S'acharnant sur leur ouvrage, les femmes exécutent le geste unique
auquel elles sont consacrées. Indifférentes à ce qui est étranger à leur
tâche, le long des jours ne varie pas sous les injonctions à travailler avec
urgence.
Le sol, vertigineux de repos, obsède celles qui s'affaiblissent; debout!
Gestes menaçants, les ouvrières crachent leur exaspération.
Autour des canons, elles se sont tues sous les morsures de leurs
battements de coeur. La production reprend. La pensée annihilée de plein
gré n'en ralentira plus le rythme.
Au dessus des travées on clame l'ordre, deux fois. Il invite au spectacle.
Dans la haute salle, furtivement on s'installe. Les draperies rouges
disparaissent dans les combles, l'orchestre du régiment est campé sur la
scène, au dessus de lui le trompettiste officiel sur sa colonne étincelle,
grandiose. En contrebas, dans son uniforme de gala le ballet des
militaires exulte; il danse sur place, accroupi, avec des sourires
énormes, infatigable. Le spectacle terminé, les rangs se vident dans la
pénombre.
Sous le champ de bataille,
les hommes affrontent les appels à l'héroïsme. Les entrailles se
convulsent en serpents. - En avant. Ils émergent. Vers la ligne
d'affrontement. Ils progressent, ils guettent le signal définitif,
alignés,
6'
-
l'ordre! Les fantassins s'élancent, vers la crête les jambes galopent,
sous le harnachement ils grimpent, surmontent la colline à découvert ils
dominent,