Lettres de la Septième Symphonie

d'Allan Pettersson

1967

 

d'après l'interprétation de l'Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise

sous la direction de Sergiu Comissiona

Enregistrement public à Berwald, Concert Hall, octobre 1990

1 CD Caprice 21411


Note : les textes correspondants aux extraits musicaux sont en rouge

   0'

 

 

Les yeux ouverts cherchent le ciel, cherchent le vent.

Inspirer profondément, l'air se disperse, des rayons se font jour.

 

 

1'

 

 

 

De partout les vapeurs se forment et s'élèvent.

Là droit devant, une boule vénéneuse s'enfle et s'approche.

Les tempes moites, ce n'est qu'un arbre tortueux où s'accroche toujours la brume.

Assis à terre, le visage au creux des bras, il faut que le sang se calme.

2'  Je te revois maman, avec ton petit encore aveugle, serré contre ta tiédeur, pour lui il n'y avait que toi.

Ton image s'estompe, le revoilà.

 

3'

 

 

 

4'

 

L'arbre tortueux se tient devant moi. Ses branches se balancent sous la brise, frémissantes. Les oiseaux rôdent et viennent tenir conseil.

Ils préparent la sentence. Brassées d'ailes qui veulent m'impressionner. Me voilà.

J'avance, et regardez haut ils s'élèvent, tournoyant.

J'approche, la basse ramure s'écarte en arc jaune éblouissant.

Cela ne te rendra pas à moi.

 

 

5'

 

 

 

 

 

 

 

6'

 

 

 

7'

 

 

 

 

Le passage s'est refermé. Je passerai, contre lui monte ton souvenir, je passerai.

L'arbre domine, immobile. Je ferai front, ton visage, vision pressante, me détermine.

Il se tient, fixe ; mes forces se tissent entre elles, en ton nom.

Spectre, contre lui tu lances ton défi en moi. Il ne bouge pas ; ton amour me tient, c'est ton amour qui prends mes veines.

Il est figé ;  tu me mets debout, ton désir poursuit sa conquête, impérieuse tu remplis mon corps de ta lumière, je ferme les yeux, l'air violent pénètre mes poumons, tu fais palpiter mon sang.

Je regarde, vertige, je brûle de l'intérieur.


Autour de moi je ne vois plus rien, l'arbre est à mes pieds, tout juste une plante, qui se fane entre mes doigts.

On l'entend encore.

 

 

8'

 

 

9'

La brume laisse deviner des présences mouvantes, où que l’on se tourne. Une clarté, il faudrait oser, tendre vers cet espoir, passer entre les ombres qui se resserrent, si proches qu’elles forment   corridor ; là, tout près, la lumière,
 

 

 

 

10'

 

 

 

11'

 

12'

Soleil ! Vertical, ses rayons me plaquent au sol, l’ardeur revient.

Spectre, je t’entends encore, tu t’épuises, je tiendrai plus longtemps que toi, entends-tu, plus longtemps. Je me dresse, bras ouverts, aux quatre vents ; mon souffle seul dans l’air colossal peut-il vaincre, je crois, oui !

Nord, ouest, sud, est, brises sur la montagne, aurore, enfin je vous contemple.

Le monde est apaisé, je le découvre maintenant, forêts vertes de matin d’été.

 

 

13'

 

14'

 

15'

Soleil jeune, ta lumière creuse au cœur des vallées. Voile noir. Spectre, encore toi, à qui t’en prends-tu ? J’entends quelqu’un qui appelle,  dans cette forêt en colonnes, se cache une petite présence. « Je te trouve, dans mes bras, enfant, serres-toi contre moi. Je connais ta peur, j’ai vaincu la même, tu peux le faire aussi, va, maintenant, contre elle ». L’enfant s’avance, seul, devant les ombres. Elles se retirent, je m’approche de lui, plus près, je ne vois pas encore son visage ; il sourit, illuminé.

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19'

« Dans mes bras, héros, maintenant tu peux être en confiance, ton courage a renforcé ton cœur, tu peux contempler le monde, viens voir le soleil décliner sur la vallée, où le vert sombre devient bleu, où pas à pas la nuit se pose. »

Un orage lointain, « Il s’en va, non ne crains rien, tu vois il est loin, prends ma main,  tu frissonnes, il s’en va, tu veux être rassuré, on l’entend à peine, tu serres ma main fort, regarde comme tout est calme, rien ne bouge, tu dois me croire, inspire fort, écoute, c’est la communion. »

Au bout de la nuit, pas un souffle de vent, nous sommes les derniers éveillés, vivants.

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