Lettres de la Septième Symphonie, suite


 

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Voilà les premiers oiseaux du matin, ils couvrent un reste de tonnerre, « c’est notre récompense, goûte ces premiers moments...

Enfant, dis, enfant, qu’est-ce qu’il y a ? Je regarde, il n’y a pas d’ombres inquiétantes, pas de menace, rien, s’il te plaît, enfant, regarde-moi», son visage crispé, « dis-moi, je ne comprends pas», son regard fermé, « je t’en prie, reviens à moi, dis-moi que tu me vois, que tu as confiance en moi, que je peux quelque chose pour toi, alors que je ne sais rien de toi ;

 

 

 

 

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tu dois te dresser, entends-tu, faire face.  Tu veux retrouver un bonheur perdu, n’y pense pas, ne t’écoute pas. Rassemble tes forces, prends mon énergie, prends ma rage, elles sont à toi, prends donc ! »

 

 

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Un oiseau célèbre le jour, l’enfant reste indifférent, figé dans son mutisme.

Délicate brise dans les arbres, ce matin j’étais heureux, je le croyais délivré de ses peurs, erreur ; j’avais cru être utile, enfin utile, il faut y renoncer.
 Je me souviens, moi-même enfant, j’avais appelé, j’avais demandé aussi beaucoup d’amour, sans en trouver. Je connais sa soif, il ne croit pas en moi, qui étais comme lui ; je l’entoure de mes bras, je le sens appliquer ses petites mains sur moi, oui il a compris.

La confiance se diffuse en nous, nous sommes deux enfants à contempler notre nouveau monde.

Nous sommes assis l’un à côté de l’autre, exsangues, devant le ciel frais.

Il serre ma main, faible pression, une espérance monte et nous renouvelle.

L’enfant que j’étais m’est revenu, sa petite main c’est bien la mienne, nos mains jointes ne se trahiront pas, avec elles nous pouvons avoir la force de croire  qu’aujourd’hui, que demain nous garderons cette force de vie, et qu’elle restera partagée. Ce matin c’est possible, cela tient au souffle d’un enfant.

« Dors, sois rassuré, laisse le sommeil te conduire. » Bercé, il s’incline peu à peu vers moi, il n’y a plus que sa respiration calmée. Il s’est endormi ; maintenant vous pouvez ressortir, vieilles chimères. Vous approchez, je vous pressens faire cercle autour de moi. Je ne me déroberai pas.
   Près de moi, le voyez-vous, un enfant dort dont je protège le sommeil, et que je ne veux pas voir réveillé.

Votre tourbillon, ça y est, pour me faire chanceler. Vous nous condamnez déjà,  mais votre ronde s’estompe, l’enfant dort encore. Moi simple vivant, je vous ai résisté, moi qui ressens la souffrance !

Les ombres rôdent et ne sont pas vaincues. Elles sont toujours là autour de nos peurs, elles nous poussent à nous mettre debout, elles nous forcent à batailler, dans la confusion, l’attente, la confrontation, l’espérance, les meurtrissures, l’appréhension, l’invocation, pour que l’enfant ne voit pas, et rêve.

 Il en sait déjà assez pour reprendre la vie là où je l’aurai laissée. Nos deux existences liées à présent, me donnent détermination, joie, me rassérènent.

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Spectre, tu es avec nous, toi aussi, tu es sur notre chemin, notre compagnon de voyage. Cet enfant te connaît, il me remplacera. Pour le moment dans son sommeil il t’a oublié. Moi je t’entends, n’aie crainte. Il aura son heure, il aura son tour. Son souffle est mon espoir, sa vie est ma délivrance, mon enfant.
 

Jean-Christophe Le Toquin 

Juillet 1998

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      Texte avec minutage précis 

      Photos ca 1998-2000

           Jean-Christophe Le Toquin

           Nathalie Filloux "voilà les premiers oiseaux du matin"

           Raphaël Filloux "L'arbre tortueux"